Le porteur de projet
Coordonnées de la structure :
Clinique le Calme
358 avenue de la Plantade
CABRIS 06530
Type de structure :
Établissements de santé
Coordonnées du contact :
CHOFFLET Olivier
Qualité : Directeur et psycholoque
Téléphone professionnel : 04 93 40 69 99
Courriel professionnel : olivierchofffler@calme.fr
Courriel fonctionnel (différent du courriel professionnel) : qualite.cabris@calme.fr
Contexte
L’origine
Le terme de « prise en charge » positionne l’usager en bénéficiaire du soin mais pas en acteur premier, d’où la nécessité de lui accorder des droits. Les termes de « patient, malade, prise en charge » renvoient la personne à une place de passivité, d’objet de soin dépourvu de savoir et de subjectivité. C’est alors une maladie qui est traitée et non plus une personne dans son intégralité. Les souffrances et difficultés des patients reçoivent souvent une réponse de type médicamenteux, comportemental, social mais la réduction du symptôme, même si elle demeure l’objectif de toute prise en charge thérapeutique, ne doit pas être la seule fin. Le mouvement psychiatrique de « thérapie institutionnelle » dont s’inspire notre prise en charge est né du constat de la dérive de sens et de fonction de l’hôpital de « terre d’asile », à « asile carcéral » dans lequel nombre de patients se chronicisaient faute d’être acteurs de leur soin et d’être entendus par les équipes et l’institution elle-même
La finalité
Nous estimons nécessaire de (re)donner, institutionnellement, pouvoir et responsabilité au patient : son écoute par le soignant n’est pas qu’un droit mais la base même de la pratique du soin. Sans elle, impossible de rencontrer le patient et ses difficultés, et donc de lui proposer une prise en charge adaptée. Les patients deviennent alors, de par leur expérience, autant thérapeutique que les soignants et cela permet d’avoir une prise en charge unique et adaptée à chacun. Les améliorations attendues sont, au minimum la satisfaction de l’usager qui se sent écouté et reconnu. Mais, c’est surtout l’efficience même du soin qui est visée : l’efficacité d’un traitement dépend de la qualité de la relation soignant/patient. Notre dispositif est orienté autour des droits suivants : respect de la dignité, droit d’être traité avec égard, participé à la décision, consentement libre et éclairé, droit à l’information…
La description du projet
Les patients addicts sont les usagers cibles
Exemple 1 : La Réunion Générale. Chaque Jeudi réunion de tous les usagers avec psychologues, infirmière, médecin comportant accueil nouveaux patients et leur entourage, présentation détaillée du fonctionnement institutionnel et de la prise en charge, témoignages patients sortants, sollicitation des questions et doléances des usagers (présents et, futurs, entourage familial), réponses, recherche de solutions (CDU),intervention d’anciens patients, d’usagers de groupes d’entraide, intervention des représentants des usagers et d’autre équipes soignantes du réseau addictologique (CSAPA…) Les doléances sont notées, analysées en réunion d’équipe hebdomadaire ; actions correctrices évaluées en Réunion Générale.
Exemple 2 :La thérapie institutionnelle permet grâce à une disponibilité permanente de l’ensemble du personnel (soignant et non soignant) d’être à l’écoute et d’accompagner l’usager et son entourage dès son admission et jusqu’à sa sortie
Les acteurs
A l’origine du projet (1981) se trouve une équipe pluridisciplinaire comprenant médecins, psychologues, infirmiers, personnels administratifs et d’hôtellerie.
Mais il importe de souligner que l’un des acteurs fondateur principaux avait lui-même vécu l’alcoolisme : dès l’origine donc, ce projet portait la marque de l’usager lui-même… il ne pouvait donc qu’être centré autour de sa parole et de ses droits.
Nos représentants des usagers participent activement aux : séances d’éducation thérapeutique, Réunions Générales, instances du CALME. Même s’ils n’ont pas le statut de « patient expert », nos représentants des usagers grâce à leur expérience, leur capacité d’écoute, permettent de placer le patient comme acteur premier de la thérapie institutionnelle en addictologie.
Les axes prioritaires :
- Sensibiliser les professionnels de santé au moyen d’actions de formation aux droits des usagers, intégrant ces derniers à la formation et à l’évaluation
- Promouvoir un mode de résolution des litiges comme la médiation en santé dans les structures de soins, médico-sociales et à domicile en mobilisant, entre autre, les médiateurs tels que les médiateurs médicaux, les médiateurs non-médicaux, les personnes qualifiées…
- Faire converger les droits des usagers des structures de soins, sociales et médico-sociales, notamment au travers de la participation des représentants des usagers et des usagers (CDU, CVS) et de la mise en place de dispositifs expérimentaux adaptés aux parcours (organisation territoriale pour l’exercice des droits, impliquant les établissements, les conseils généraux, les ordres et organisations professionnels, les agences régionales de santé, les conseils territoriaux de santé… ).
- Co-construire l’effectivité des droits des usagers en lien avec les représentants des usagers, à partir des plaintes ou réclamations (établissements, conseils généraux, ordres et organisations professionnels, les agences régionales de santé, les conseils territoriaux de santé…) et par l’analyse systématique des motifs notamment à partir des rapports des CDU ou des CVS et la mise en œuvre de mesures d’amélioration.
La réalisation
La mise en œuvre
Difficultés rencontrées :
– le manque de reconnaissance financière, par les tutelles, des particularités et exigences de notre approche, permettant une équipe plus nombreuse que les normes exigibles.
– l’obligation croissante d’exécuter des tâches chronophages et de mettre en place des actions non soignantes qui réduisent notre disponibilité à l’écoute de l’usager.
Eléments facilitateurs :
– la forte motivation de tous les professionnels de l’équipe (y compris les non-soignants) à accorder la première place à l’usager dans le cadre de la thérapie institutionnelle ;
– la structuration juridique de notre petite clinique en SCoP : Beaucoup de salariés sont associés et co-responsables de la bonne marche de l’établissement, donc à l’écoute des usagers
– la présence de trois anciens patients comme représentants des usagers avec une implication forte de leur part tout au long du parcours de nos patients - le fort désir, bien légitime, des patients (et anciens patients) d’être acteurs du soin
Projet initié en :
01. avant 2010
Projet mis en œuvre en :
01. avant 2010
Comment et combien ?
L’équipe fondatrice n’a pas obtenu d’aide financière pour la réalisation de ce projet. Son succès et sa solidité ont seuls permis sa pérennité et son développement, malgré les faibles moyens alloués par les tutelles.Le chiffrage du projet lui-même dans sa dimension « respect des droits de l’usager » n’est pas dissociable du projet global de notre offre en hospitalisation complète (sevrage + thérapie institutionnelle) ou ambulatoire (hôpital de jour) puisqu’il en constitue l’une des bases.
.A titre d’information on peut indiquer les principaux chiffres-clés du budget 2019 :
– chiffre d’affaires : Séjours : 2 256 417.43 €+ HDJ : 5 207.57€ soit un total de 2 261 625.00€
– total des charges : 2 719 087€
– dont masse salariale : 1170 697€
L’essentiel est un coût humain, puisque nous posons comme principe que le personnel (soignant et non-soignant) est le premier instrument d’un soin efficace, qui passe d’abord par l’écoute de l’usager
La communication
La partie de notre projet centrée sur « le respect des droits du patient » n’a pas fait l’objet de beaucoup de communication
Cela dit, il n’est que de lire les témoignages sur Internet (blogs spontanés), les émissions de radio (France-Inter) et les reportages télévisuels (France 2, France 5), les articles dans les journaux (Nice Matin) ou d’écouter les motivations des patients entrants (souvent orientés par d’anciens patients/usagers) pour y lire la prépondérance de l’écoute et du respect des usagers.
Quant au projet global de prise en charge, avec sa dimension de thérapie institutionnelle, il est mis en ligne sur le site du CALME et largement explicité
Un documentaire est en cours de tournage.
Et après
Les résultats
Les résultats (consultables en annexe) de l’évaluation de la satisfaction du patient et sont très positifs.
Aucune plainte ni réclamation depuis plusieurs années
Label des droits des usagers obtenu en 2013.
L’expérience a montré que ce modèle de fonctionnement est tout-à-fait transmissible et transposable, dans le public comme dans le privé. Depuis 1982, nous l’avons reproduit de plusieurs manières :
– dans un second établissement fondé par la Direction du premier (à ILLIERS-COMBRAY, Eure-et-Loir, en 1993)
– à leur demande, dans plusieurs établissements psychiatriques publics (CHS de DIGNE, de DIJON, de SARREGUEMINES, et de LA ROCHELLE.
– Ouverture d’une unité de prise en charge ambulatoire (HDJ : hôpital de jour) dans nos locaux actuels et ceux d’Illiers-Combray
Cependant, il ne nous semble reproductible tel quel que par des équipes très motivées sous un management éclairé et tenace, partageant des valeurs éthiques résolument humanistes, et avec le soutien de l’administration
Evaluation et suivi
Satisfaction de l’usager à sa sortie : Questionnaire anonyme étudié en temps réel, et les réponses sont analysées chaque année. Les résultats sont présentés aux représentants des usagers et aux personnels. Le thème « respect des droits de l’usager » se lit dans des items comme « accueil, information reçue, respect de la personne par le personnel »…
Devenir des patients 3 sources de données : sondage des groupes d’entraide, travail en réseau avec les établissements addictologiques ou non, du département, de la région,
appel d’anciens patients.
Ajustements du dispositif au fil du temps :
- outils de communication avec les usagers : livret d’accueil enrichi, affichages, possibilité à tout moment de rencontrer un membre de l’équipe soignante ou/et non soignante ou la direction et disponibilité des représentants des usagers
– fonctionnement : participation des représentants des usagers à la réunion générale, aux ateliers d’éducation thérapeutique, aux instances de l’établissement
Quelques conseils et témoignages
extrait du livre d’or :
"Une expérience humaine, pas toujours simple, mais tellement enrichissante ! Une équipe à l’écoute, toujours là en cas de besoin, tellement professionnelle. J ’ai beaucoup appris grâce aux séances, à toutes les personnes rencontrées ici. Cet endroit me permet de repartir sereine. Je reviendrai avec plaisir en visite, pour rencontrer d’autres personnes et revoir cette équipe formidable qui a pris soin de moi.J ’espère d’ailleurs revenir dans un futur proche si un suivi se met en place. MERCI !
Depuis, nous développons la thérapie institutionnelle en ambulatoire :
Maryse R, patiente d’HDJ
J’ai été sensible à l’empathie et la bienveillance du personnel. l’ HDJ c’est un suivi et soutien évident : Un filet de sécurité, une entraide entre différents patients grâce aux témoignages de notre vécu et à l’écoute de l’équipe. J’apprécie que toute l’équipe nous considère comme des personnes à part entière et pas que des patients.
Document de représentant des usagers ci joint